{Quand la louve revient dans son repaire}
Sabots qui raisonnent dans la forêt, claquant sur la terre humide en ce début de décembre. L'allure semble rapide, trop pour une simple course d'ailleurs... Non, derrière ce cache bien plus : l'impatience.
Des années qu'elle n'était pas revenue là. Non pas qu'elle avait oublié l'endroit, mais le temps passe et l'on a pas forcément l'occasion de s'occuper d'un endroit en perdition. Mais aujourd'hui, elle prend ce temps. Terminé la vie où il fallait courir pour un compagnon trop accroché à ses basques ou pour des "amis" dont elle n'avait cure. A présent, la liberté c'est ouverte à elle, et elle compte en profiter ! Les blessures se sont fermées, même si les cicatrices sont toujours présentes... Maintenant, c'est elle qui les fait les blessures, qu'on lui en veuille ou non...
L'étalon noir arrive à destination, retirant la louve de ses sombres pensées. Sourire. La bâtisse n'a pas changé d'un pouce. Toujours aussi accueillante, même si quelques lierres se sont imposées sur les murs. Ouais... ca donne un certain charme... Rodrielle descend d'Eole et ouvre le grand portail dans un grincement strident. Va falloir graisser ça. Puis ses pas glissent dans l'allée, faisant crisser les graviers sous elle. Pas lents pour lui laisser le temps d'admirer l'endroit et de refaire jaillir ses plus profonds souvenirs...
La première fois qu'elle était venue, c'était il y a plus de 8 ans. A cette époque elle n'était qu'une mère fervente d'aventures mais surtout prête à donner tout son amour à un enfant. Jaris. Ce p'tit blond de 11 ans qu'elle était venue adopter après l'avoir rencontré dans un endroit bien étrange. Ce p'tit blondinet casse-cou dont elle était folle. Son fils...
Aujourd'hui, l'Orphelinat ne raisonne plus de ces rires d'enfants, ou de ces grondements des surveillants... Ksandra, Gauttefroy... Morna, Lou, Fay et les autres... Plus personne n'était là, et l'Orphelinat Sainte Clotilde était devenu un vrai désert... Mais plus pour longtemps !
Car la volonté de la louve était grande. Ce n'était pas qu'une vipère sournoise, au fond elle avait encore ce petit quelque chose qui veut reprendre vie à travers cet endroit. Être attachée un tant soit peu à l'humanité pour ne pas sombrer totalement dans les ténèbres. Refaire vivre cette endroit pour rester en vie elle même d'une certaine façon.
La louve et son destrier s'arrêtent en plein milieu de la cour. Un moment de recueillement s'impose à présent. Et c'est pour cela que la donzelle s'installe dans l'herbe, en tailleur, et admire le paysage qui s'offre à ses yeux pendant une bonne demie heure, avant de partir à l'assaut du domaine.
La renaissance était pour bientôt...
Jeu 3 Déc - 20:29